SECTION II: LESNOUVELLES APPROCHES:
I-
La Théorie Evolutionniste:
A/-Fondement:
Les enseignements de cette théorie qualifient l’entreprise
comme un « système de compétences». La préoccupation de l’entreprise n’est
alors pas de maximiser le profit, mais d’abord de survivre en vertu de la
théorie darwinienne de l’évolution.
S. Winter et R. Nelson
décrivent la firme évolutionniste comme un ensemble dynamique de compétences ;
ce qui différencie une entreprise par rapport à une autre serait la nature du
savoir-faire accumulé. Ce capital immatériel contient les facultés d’adaptation
et d’apprentissage.
B/-Principes:
Les deux économistes ont distingué quatre particularités
propres à l’environnement sélectif d’une innovation:
- La nature des coûts et bénéfices justifie l’adoption d’une
innovation au lieu d’une autre,
- La manière dont les préférences des consommateurs, les
normes et les réglementations orientent la définition des activités,
- Le profit est à la source de l’expansion ou de contraction
des unités organisationnelles.
- La nature de l’apprentissage organisationnel comme
condition de succès d’une innovation.
⇒ La théorie évolutionniste contribue à
proposer des solutions et des pistes de recherche à de nombreux
problèmes laissés par l’économie orthodoxe, elle tend à la description et à
l’explication de phénomènes économiques où la temporalité joue un rôle actif.
II-La firme hiérarchique et la firme horizontale:
Aoki Masahiko a cherché (en 1991) à expliquer les fondements
du fonctionnement de l’entreprise japonaise comparé à ceux de son homologue
américaine.
Les éléments de différenciation sont :
- La firme américaine se caractérise par une spécialisation
rigide, un mode hiérarchique autoritaire de répartition des fonctions, la
distinction entre conception et exécution,
-A l’inverse, la firme japonaise présente une division du
travail flexible, la notation des tâches, une coordination basée sur
l’initiative, un partage du pouvoir entre propriétaires, gestionnaires et
employés.
⇒La structure souple et horizontale
du système d’information de la firme japonaise est plus efficace et mieux
adaptée à l’environnement contemporain.
III- La Théorie de l’Agence:
La Théorie de l’Agence est le renforcement et la
généralisation de la théorie du droit de propriété.
A/-Fondement:
Elle repose sur deux hypothèses complémentaires :
-Les individus maximisent leur fonction d’utilité,
-Une conscience anticipe rationnellement et sans biais
l’incidence des relations d’agence sur la valeur de leur patrimoine.
B/-Principes:
- La firme est considérée comme un «marché privé » ou «nœud
de contrat» dans lequel se réalise un processus complexe d’équilibre entre les
objectifs conflictuels,
- Les individus, dans leurs activités coopératives vont
chercher à profiter des failles de contrats liées à l’incertitude pour
maximiser leur utilité, éventuellement aux dépends des autres agents,
-Ce comportement conduit à des coûts d’agence (coût de surveillance,
coût d’observation et pertes résiduelles…) que les agents vont chercher à
minimiser par l’établissement des contrats appropriés,
- Deux courants sont à distinguer :
Le courant normatif : Il cherche (à
partir des modèles fondés sur des hypothèses formulées sur les
structures de préférence, les structures d’information et la nature
d’incertitude) à étudier le partage optimal du risque entre agents, les
caractéristiques des contrats optimaux et les propriétés des solutions
d’équilibre selon la problématique de l’équilibre général,
Le courant positif : Il explique la
notion d’équilibre et d’optimum social à travers l’efficience
organisationnelle.
- Les formes organisationnelles étant en concurrence, seules
survivront celles qui permettent de minimiser les coûts d’agence.
⇒L’apport le plus important de la théorie
d’agence est l’intérêt porté aux formes juridiques des organisations et
aux systèmes de contrôle des dirigeants.
C/-Portée:
- Cette théorie ne définit pas les éléments constitutifs des
contrats sociaux,
- Cette théorie emprunte les variables de base aux
phénomènes de marché qui ne peuvent toujours coexister au sein de l’entreprise.
V- La Gouvernance de l’Entreprise:
Le thème de la Gouvernance ou Gouvernement de l’entreprise a
pris récemment une grande importance tant dans les préoccupations des hommes
politiques ou des journalistes, que des chercheurs de différents champs
disciplinaires (droit, économie, gestion, sciences politiques…)
La gouvernance selon Pierre Charreaux est relative aux
systèmes définissant, délimitant et influençant les pouvoirs et les décisions
des dirigeants.
La gouvernance de l’entreprise s’inscrit dans une
perspective de contrôle des dirigeants et de définition disciplinaire des «
règles du jeu managérial ».
Cependant, les principales théories de la gouvernance
développent le paradigme fonctionnaliste de l’efficience et reposent toutes sur
un modèle particulier de création et de répartition de la valeur par
l’organisation.
A/-Le modèle financier de la gouvernance:
Ce modèle privilégie une perspective managériale financière
à court terme, les pratiques organisationnelles reposent sur le découpage de
l’entreprise en «centres de responsabilité» (centres de coûts, centres de
profits, centre d’investissement…). C’est un modèle de référence culturelle
anglo-saxonne. L’efficience est vue comme la capacité de réaliser un profit
avec économie de moyens.
La division de l’entreprise en centres de responsabilité
conduit à soumettre son appareil à une logique de marché et donc à poser les
problèmes d’articulation entre ces centres de responsabilité à la lumière d’une
même logique, de ce fait:
-L’échange entre les différents centres est vu comme une
relation client/fournisseurs impliquant la détermination d’un prix de cession
interne,
- La genèse du profit global passe par l’articulation des
profits locaux,
- La création de valeur par chaque centre est jugée en
tenant compte du profit réalisé et du coût du capital.
B/- Le modèle ingéniérique du gouvernement de l’entreprise:
L’entreprise est vue comme un appareil qui permet la
transformation des inputs en outputs moyennant ajout de valeur. C’est une
perspective dite ingéniérique à long terme.
Selon ce modèle, l’efficience est tributaire de
l’optimisation des coûts liés à chaque élément du processus compte tenu d’un
état d’art défini sur la base d’une référence ingéniérique.
L’objectif des méthodes de gestion qui sont inspirées par ce
modèle est de piloter le processus, indépendamment des personnes qui les
assument et par référence à un savoir faire de type technique.
⇒ Le modèle de gouvernance le plus répandu
est le modèle financier, car il s’assoit sur une parcellisation rentable
des fonctions, dans la mesure où les centres sont autonomes et responsabilisés.
CHAPITRE II–LES STRUCTURES ET FONCTIONS DANS L’ENTREPRISE